N° 5 - 1998
LES FAILLES DU MONT FERION
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Les travaux de terrain ont été concentrés sur le secteur du col de la Bouche de
MILON où interfèrent les lignes d'effondrement de CHÂTEAUNEUF et de BENDÉJUN au
sud avec la terminaison méridionale du chevauchement de ROCCASERRA au nord. Malgré la présence d'un affleurement de dolomies triasiques et de gypse, l'existence d'une structure diapirique mentionnée par de précédents auteurs ne peut à notre avis être confirmée en ce point. Les résultats présentés ici sont l'extension vers le nord de la première partie de l'étude publiée dans la chronique précédente n° 4-97. Ces résultats font la liaison avec le secteur de ROCCASPARVIERA qui a été présenté dans la chronique n° 3-96. Ils se localisent de part et d'autre du sommet du Mont Férion. |
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Il est le même que dans la première partie de l'étude, à savoir :
a) La crête principale et le sommet topographique du Mont Férion sont constitués
par une barre de calcaires jurassiques, flanquée à l'est (vers le Paillon) d'une
masse effondrée de marnocalcaires crétacés au pied de laquelle apparaissent en
discordance les grès d'Annot d'âge Oligocène.
b) Le flanc occidental de la crête principale forme un monoclinal assez régulier,
penté vers l'ouest.
c) Au nord se situe le chevauchement de ROCCASPARVIERA, dominant le secteur des
gorges inférieures de la Vésubie.
Les travaux de terrain ont été effectués au cours de l'été 1998. Comme précédemment, ils s'appuient sur le traitement d'image satellite et sur la stéréoscopie des photos aériennes.
II - RÉINTERPRÉTATION TECTONIQUE
Le col de la Bouche de Milon (ou col de la Minière), au-dessus de COARAZE, constitue un point remarquable de la tectonique générale de l'Arc de Nice. I1 est en effet situé entre les grandes structures d'effondrement du flanc est du Mont Férion,(phase d'extension tardive) et les écailles chevauchantes vers l'ouest des crêtes de ROCCASPARVIERA et ROCCASERRA (phase de compression). Nous avons, à partir de ce col, cartographié et étudié les grandes structures tectoniques suivantes
2.1. Ligne d'effondrement du Clos de Mourena
entre la Bouche de Milon et la Baisse de BENDÉJUN au sud.
Cet effondrement, parallèle à la crête du Mont Férion, prend le relais vers le
nord de ceux déjà décrits dans le numéro précédent, page 11 (Mise en évidence de
structures d'effondrement d'âge quaternaire à actuel). Il détermine une barre de
dolomies surmontant des terrains marnocalcaires disloqués et éboulés.
Divers décrochements latéraux limitent des compartiments glissés à des degrés
divers, notamment au-dessus de BENDÉJUN, aux Baux de PEYRON, au Clos de € MOURENA
et `dans le vallon de CHRISTIANE.
2.2. Chevauchement de la Pointe de Serena
Au nord de la Bouche de Milon, cet accident, formant une crête secondaire,
redescend vers les escarpements situés sous l'ancienne mine de l'Eguisse (cf.
chronique n° 3-96) où il se raccorde au chevauchement de la cime de Miamande.
Au col de la Bouche de Milon, des mylonites dolomitiques avec présence de gypse
marquent son passage. La carte géologique au 1/50.000 y indique d'ailleurs un
affleurement de Trias que ces dolomies écrasées pourraient représenter (?).
C'est en ce point que B. GÈZE décrit une tectonique de style diapirique que nous
n'avons pas retrouvée. Le gypse observé dans les fissures et en ciment des brèches
dolomitiques n'est, à notre avis, que le résultat de circulation d'eaux chargées
en sulfates à la base du chevauchement.
Au sud-est de la Bouche de Milon, cet accident prend une direction N120. Il suit
le fond du ravin de l'Aboisa, passe au pied sud du piton sur lequel est construit
le vieux village de COARAZE, franchit le Paillon aux Saussettes et disparaît peu à
peu, en rive gauche, dans le vallon du Massip qui entaille les grès d'Annot.
Il est probable que ce segment au sud-est de la Bouche de Milon soit la limite sud
de l'ensemble chevauchant de ROCCASPARVIERA-ROCCASERRA.
En effet, le compartiment nord est formé par des marnocalcaires du Sénonien-
Turonien pentés en monoclinal régulier vers l'est (40°) ; le compartiment sud, par
contre, est constitué par des marnocalcaires écrasés, verticalisés, brèchifiés qui
pourraient représenter le socle du chevauchement.
Au niveau des grès d'Annot dont la base affleure au-dessus de COARAZE (lieu-dit
LAMOURIER), cet accident apparaît sur le terrain comme un simple décrochement
dextre avec un rejet horizontal d'environ 300 mètres; ce rejet paraît diminuer
progressivement vers le Paillon.
2.3. Faille du Vallon de Riou Fred
Bien que marqué fortement en géomorphologie, cet accident ne paraît pas
déplacer les terrains encaissants d'une manière notable. Il s'agit probablement
d'une grande fracture d'extension affectant les marnocalcaires chevauchants du
flanc est de la crête de Serena. Sa direction est N90. Il est aquifère (voir plus
loin).
2.4. Faille du col du Dragon
Elle affecte les marnocalcaires du flanc occidental de la crête du Mont Férion.
Sa direction est N10N15. C'est une faille normale à regard est, à rejet faible.
Son tracé est peut-être déterminé par un accident plus ancien, antérieur à la
poussée pontienne. Il est perturbé par une faille transverse de direction N70, à
regard nord, qui traverse la crête du Mont Férion près du sommet de la cote 1412
où se situe l'observatoire forestier.
Au nord de ce dernier accident, la crête jurassique du Mont Férion s'abaisse
rapidement et s'infléchit fortement vers l'ouest pour former la barre calcaire de
La Peïra, sous la Bouche de Milon.
Cette inflexion est probablement la conséquence de la poussée pontienne vers
l'ouest qui a provoqué le chevauchement de ROCCASPARVIERA-ROCCASERRA.
Les systèmes aquifères, présents dans le secteur, sont les mêmes que ceux
décrits dans la partie sud de la crête du Mont Férion (chronique n°
4-97), à
savoir :
a) Aquifères sédimentaires - Calcaires et dolomies du jurassique,
- Calcaires gréseux du Néocomien,
- Grès d'Annot (Oligocène)
b) Aquifères tectoniques
- Marnocalcaires et calcaires disloqués dans les compartiments d'effondrement,
- Failles et fractures en extension.
Les sources les plus importantes que nous avons relevées au cours de nos
investigations sont ( voir carte)
N° 1 - Source du Revesté : flanc ouest du Mont Férion
- Aquifère : calcaire marneux turonien au contact des marnes noires cénomaniennes.
Ensemble fracturé
- Contrôle tectonique : ?
N° 2 - Source du Ruisseau de Péloubié : flanc ouest du Mont Férion
- Aquifère : calcaire marneux turonien fracturé
- Contrôle tectonique : fracture N20
N° 3 - Groupe de Trébausses : flanc ouest du Mont Férion au sud du Col du Dragon
- 3 émergences principales
- Aquifères : marnocalcaires turoniens disloqués
- Contrôle tectonique : zone d'interférence entre la faille du Col du Dragon de
direction N10 et une faille transverse de direction N70 qui rejoint le sommet du
Mont Férion
N° 4 - Fuont Pentch : flanc ouest du Mont Férion
- Source captée
- Aquifère : marnocalcaires disloqués du Turonien
- Contrôle tectonique faille de direction N70 (la même que pour le groupe de
Trébausses ci-dessus)
N° 5 - Source du ruisseau de l'Affala : flanc ouest du Mont Férion, au pied de la
crête du Castellar
- Aquifère : calcaire turonien fracturé au contact des marnes noires cénomaniennes
- Contrôle tectonique : faille du col du Dragon de direction N10
N° 6 - Source de l'Eguisse au nord des anciens travaux miniers du même nom
- Aquifère : calcaires et dolomies jurassiques
- Contrôle tectonique : interférence entre le chevauchement de Miamande et une
faille de direction N10
N° 7 - Fontaine de Riou Fred : sur la route de COARAZE à l'Engarvin (D15) à 1 km
environ au nord de COARAZE
- Source captée
- Aquifère : marnocalcaires fracturés du Sénonien
- Contrôle tectonique faille de direction N90
N° 8 - Source du Vallon de la Granière : entrée sud de COARAZE
- Aquifère: grès d'Annot
- Contrôle tectonique : décrochement de direction N120
N° 9 - Groupe du Pontet
est de COARAZE, rive gauche du Paillon
- 2 émergences reconnues
- Aquifère: grès d'Annot
- Contrôle tectonique : ?
N° 10 - Source du Clos de Mourena : flanc est du Mont Férion
- Aquifère : Dolomies disloquées du jurassique
- Contrôle tectonique ligne de tête d'effondrement près d'un décrochement gravitaire
N° 11 - Source de l'Aboisa : flanc est du Mont Férion
- Aquifère : dolomies disloquées jurassiques
- Contrôle tectonique ligne de tête d'effondrement le long de marnes broyées
Cet inventaire est loin d'être exhaustif. Il faut y rajouter, outre certaines sources d'éboulis, les émergences diffuses qui jalonnent le contact entre les marnes turoniennes et les grès grossiers de base des grès d'Annot : on y observe de nombreux drainages destinés à l'irrigation des cultures, au-dessus de la route de BENDÉJUN à COARAZE et autour du village de COARAZE
Documentation consultée
- AUDAIRE D. | - 1966 - | Etude géologique de l'unité septentrionale du Mont Férion. Mémoire cycle général IGAL (inédit). |
- FÉRAUD J. | - 1974 - | Les gisements de sulfures d'arsenic du sud-est de la France - Thèse Université Paris VI. |
- GÈZE B. | - 1959 - | Le diapir triasique du Mont Férion (A.M.) et son évolution tectonique. C.R. ACAD. des Sciences 9/12/1959. |
- GÈZE B. | - 1968 - | Carte géologique au 1/50.000 feuille MENTON-NICE |