N° 12 - 2006 Vulnérabilité des eaux souterraines
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Les eaux souterraines dans le bassin de l’Auron, entre
Annoix en amont et en aval le champ captant du Porche, en limite sud de l’agglomération
de Bourges, sont contenues dans la formation dite des " calcaires
lités inférieurs " appartenant à l’Oxfordien supérieur.
Cette formation est la partie supérieure d’une masse
calcaire incluant à la base les couches de l’Oxfordien inférieur et du
Dogger.
Elle est constituée par une séquence uniforme de calcaires
du type micritique, en bancs de 20 à 40 cm d’épaisseur séparés par des
interlits marneux centimétriques.
L’épaisseur totale de la formation atteindrait ici une
centaine de mètres.
Elles sont totalement absentes : l’aquifère défini
ci-dessus est en affleurement dans tout le bassin versant concerné, dans les
fonds de vallées comme à la surface des plateaux environnants.
A part quelques placages insignifiants de limon des plateaux
on peut donc considérer que la totalité de la surface du bassin versant de
l’Auron, entre Annoix et Le Porche, constitue l’impluvium de l’aquifère
oxfordien (figure 1).
Les alluvions du fond de la vallée de l’Auron,
essentiellement sables et graviers perméables, sont en contact direct avec le
toit de l’Oxfordien supérieur. Leur faible extension latérale et en
profondeur ne leur confère aucun rôle d’écran imperméable ou filtrant.
L’ensemble stratifié de l’Oxfordien supérieur présente
un pendage régional vers le nord-ouest plus ou moins parallèle au gradient
topographique, soit environ 0,14 %.
Entre Annoix et Bourges la direction moyenne d’écoulement
des eaux de surface de l’Auron est sensiblement la même que la direction de
pendage des couches. On en déduit que ces eaux coulent sur la surface
structurale du toit de l’Oxfordien supérieur. Autrement dit, les couches
calcaires sur lesquelles coule l’Auron à hauteur d’Annoix appartiennent au
même niveau stratigraphique que les couches calcaires sur lesquelles il coule
à hauteur du Porche.
L’examen attentif des photos aériennes (cf. étude
D.Galmier citée § 1) montre que le plateau calcaire est parcouru par des
réseaux de failles à faible rejet et de fractures : les directions
relevées les plus fréquentes sont N20E, N40E et N75E.
D’autre part, le traitement informatique de l’image
satellite numérique montre qu’un certain nombre de ces petits accidents
tectoniques présentent des anomalies de texture et de couleur généralement
indicatives d’une relation avec des circulations d’eaux souterraines (lignes
d’altération différentielle des sols ou lignes végétales spécifiques).
Ils peuvent donc jouer un rôle de drainage latéral dans le bassin versant de l’Auron,
voire même interconnecter celui-ci avec les bassins versants voisins de l’Yèvre
et de la Rampenne (cf. figures 1 et 2). Cependant ils ne paraissent pas
en relation avec des structures profondes mais plutôt comme le résultat d’un
tassement irrégulier (subsidence) des couches jurassiques dans cette partie du
bassin de Paris. Il est donc probable qu’il n’aient qu’une extension
verticale réduite.
En ce qui concerne plus particulièrement le site de la
carrière, l’image satellite permet d’y détecter le passage d’une de ces
failles : son extension est visible de part et d’autre de l’Auron entre
Vorly et Crosses. Elle se dédouble en deux couloirs de fractures sur le site de
Terre-Chevigny (cf. figures 1 et 2) . Sur le terrain, son passage
est directement observable dans le front de l’ancienne carrière à la sortie
du pont sur l’Auron (cf. figure 3).
1.1. Vallée de l’Auron seule
Le tableau ci-dessous et sa représentation graphique donne les valeurs pièzométriques relevées en 1995, toutes situées dans la vallée de l’Auron au niveau du lit de la rivière, sur une distance rectiligne de 15 km.
cotes |
cotes |
cotes |
profondeur |
profondeur |
|
hautes eaux |
basses eaux |
topo NGF |
hautes eaux |
basses eaux |
|
Le Porche |
128,5 |
128 |
131 |
2,5 |
3 |
Givaudins |
132,4 |
132,2 |
135 |
2,6 |
2,8 |
Plaimpied |
137 |
136,5 |
142 |
5 |
5,5 |
La Salle |
139,8 |
139 |
143 |
3,2 |
4 |
Chevigny |
140 |
138,9 |
144 |
4 |
5,1 |
Feularde |
141,95 |
141,6 |
146 |
4,05 |
4,4 |
Annoix |
146,5 |
149 |
2,5 |
On constate que :
1.2. Vallée de l’Auron et plateaux adjacents.
La corrélation des valeurs relevées dans la vallée de l’Auron avec celles des piézomètres situés en rive gauche et en rive droite est traduite par des courbes isopièzes (courbes joignant des cotes piézométriques NGF équivalentes) qui sont indiquées sur les figures 1 et 2.
On constate que :
On en déduit que, en période de précipitations abondantes au cours desquelles le niveau de la nappe phréatique remonte, les couloirs de failles fonctionnent comme des drains vers le collecteur principal souterrain de l’Auron mais également vers son cours de surface, probablement sous forme de résurgences diffuses sous-alluvionnaires.
Cliquer sur les illustrations pour les agrandir
C’est le paramètre définissant la vitesse d’écoulement dans un
milieu poreux saturé.
Dans les formations calcaires du Jurassique supérieur de
la région la valeur moyenne admise est de 5x 10-4 m2/s.
Elle n’est valable que pour des formations calcaires fissurées peu
karstifiées. Elle peut varier localement en fonction du degré de
fracturation et de dissolution (karstification) de l’aquifère calcaire.
Elle permet de calculer le temps de transfert entre un
point donné de la nappe phréatique et son exutoire naturel ou artificiel.
Dans le cas présent, on pourrait, par hypothèse faute
de mesures directes, appliquer cette valeur entre le site de carrière de
Terre-Chauvigny et le champ captant du Porche. Le temps de transfert de l’eau
souterraine, sous le niveau piézométrique, entre ces deux points distants
de 11 km serait alors théoriquement de 6 ou 7 ans. Cependant les
observations exposées au paragraphe précédent montrent que les eaux
souterraines circulant dans la zone libre au dessus du niveau phréatique
seraient en partie récupérées par le cours de surface de l’Auron grâce
au drainage des failles transverses. Dans ce cas le temps de transfert
serait extrêmement rapide, surtout en période de hautes eaux.
Une pollution par des hydrocarbures, par exemple, sur le
site de Terre-Chevigny pourrait atteindre les abords du champ captant du
Porche en quelques semaines voire quelques jours.
Il comprend 4 forages productifs qui alimentent en eau
potable l’agglomération de Bourges. En 2003 leur production totale a été de
2.053.000 m3.
Ce champ captant est situé au confluent de l’Auron et de
son affluent de rive gauche la Rampenne, en un point ou le niveau
piézométrique est très proche de la surface. Il est donc possible qu’une
résurgence naturelle ait existé autrefois alimentée par la nappe du bassin de
l’Auron et par celle du bassin de la Rampenne.
Ces 4 forages captent l’eau souterraine de l’aquifère oxfordien à des profondeurs différentes : F4 : de 8,5 à 26 m |
On pourrait en déduire que plus la colonne captante est
profonde plus son aire d’alimentation (impluvium) est éloignée vers le sud
suivant la remontée du pendage régional des couches dans cette direction. Ceci
serait possible en théorie du fait que les bancs calcaires aquifères de l’Oxfordien
sont séparés par des interlits marneux imperméables. Mais nos propres
observations sur photos aériennes et satellitaire (cf. § 3.) montrent
la présence d’une fracturation transverse le long de lignes de failles et qui
sont par ailleurs également visibles sur le front de l’ancienne carrière de
Terre-Chevigny (cf. figure 3). Cette fracturation traversant
verticalement les couches aquifères de l’Oxfordien les fait donc communiquer
entre elles, que ce soit dans la zone non saturée où circulent librement les
eaux météoriques ou dans la zone saturée sous le niveau piézomètrique.
Nous avons vu également qu’en surface l’Auron coule
pratiquement sur la surface structurale du toit de l’Oxfordien supérieur en
suivant le pendage entre Annoix et Le Porche (cf. § 1.1. et § 1.2.).
Les minces niveaux imperméables à l’intérieur de la
séquence aquifère sont donc rompus par la fracturation. On en déduit qu’une
pollution générée à partir de n’importe quel point du bassin versant de l’Auron
en aval d’Annoix soit potentiellement susceptible d’atteindre les 4 colonnes
captantes du Porche par la surface comme par la zone saturée profonde.
La vulnérabilité de l’aquifère de l’Oxfordien
supérieur, capté pour l’alimentation en eau potable (AEP) de la Communauté
d’Agglomérations de Bourges au lieu-dit " Le Porche ",
apparaît extrêmement élevée dans le bassin versant de l’Auron, sur une
quinzaine de kilomètres entre le point de captage et Annoix.
Son degré élevé de vulnérabilité est déterminé par les
critères suivants :