N° 4  -  1997

LA PERCÉE DU LOIR ENTRE LES DÔMES DE FRÉTEVAL ET MARCHENOIR

Collectif Association Les Amis des Sources

Les études précédentes, qui avaient porté principalement sur le dôme de FRÉTEVAL, ont été étendues cette année à la rive gauche du LOIR. Une zone de fracturation complexe a été mise en évidence dans laquelle on retrouve la direction sud-ouest nord-est en interférence avec la direction nord sud. Sur la bordure du bassin des calcaires de Beauce, on a pu observer des phénomènes karstiques d'absorption des eaux de surface (gouffres, dolines, vallées sèches) qui jalonnent les failles observées en géomorphologie. Cette zone d'absorption alimente la nappe de Beauce vers OUCQUES au sud et vers La FERTÉ-VILLENEUIL au nord. The previous studies around the FRÉTEVAL dome continued this year over the LOIR river left bank. A complexfracturing zone bas been outlined in which south-west north-east directions interfer with north-south direction. Over the Beauce limestones formation margin, karst features have been observed such as dry vales, dolinas, potholes staking out faulting geomorphological features. This absorption zone feeds up the Beauce ground water reservoir toward OUCQUES to the south and La FERTÉ-VILLENEUIL to the north.

Cadre géographique Cadre géologique Hydrogéologie

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Le secteur d'études présenté ici comprend la partie sud de la Crète du Férion entre les cols de CHATEAUNEUF et de BENDEJUN. Il s'étend vers l'Est jusqu'à la rive droite du Paillon. Le flanc oriental de la crête est très escarpé, culminant à 944 m, soit 700 m environ au dessus du cours du Paillon. Le flanc occidental présente un relief plus adouci.

I - CADRE GEOGRAPHIQUE

Les terrains faisant l'objet de la présente étude sont situés sur la rive gauche du LOIR entre SAINT-JEAN-FROIDMENTEL au nord et OUCQUES au sud. Ils se limitent à l'est sur une ligne MOISY - VIÉVY Ils prolongent vers l'est la partie étudiée en 1995 (Dôme de FRÉTEVAL) et vers le nord-est celle étudiée en 1996 (Bassin du GRATTELOUP - rive droite du LOIR).

Les communes dont le territoire est concerné sont :

L'ensemble constitue un plateau entaillé par le LOIR et ses affluents de rive gauche : le BAIGNON, les ruisseaux de VILLEPOT et de SAINT-CLAUDE, le RÉVEILLON.
La région est en partie boisée avec au nord le bois de SAINT-CLAUDE et au sud la forêt de ROCHEUX qui forme l'extrémité nord-ouest du massif forestier de MARCHENOIR. Le reste est occupé par la grande culture céréalière soit sur sols argilo-limoneux, soit sur sols calcaires.
En dehors des agglomérations, le pays est peu habité. Aucune industrie importante n'est implantée dans ce secteur.

II - CADRE GEOLOGIQUE

Données lithologiques (figure 1)

Les terrains affleurants appartiennent presque en totalité au Crétacé supérieur et à l'Éocène inférieur. Sur la bordure orientale de l'étude apparaissent les premiers affleurements des calcaires de Beauce qui marquent la limite de l'extension vers l'ouest des faciès lacustres de l'Éocène supérieur et de l'Oligocène. Entre la surface du plateau beauceron et la base des coteaux du LOIR, la séquence stratigraphique est la suivante : - Limons quaternaires (0-1 m) - Calcaires lacustres (15 m): Oligocène - Marno-calcaires de MORANCEZ (2 m) : Lutétien

- Formation argilo-sableuse à silex (10-25 m) : Éocène inférieur
- Calcaires et marnes crayeuses Turonien

Données tectoniques (figure 2)
L'analyse géomorphologique montre que le secteur d'étude présente une fracturation importante et complexe, se marquant bien sur les horizons de strates dures affleurant à flanc de coteau.
Cette fracturation se répartit selon trois directions majeures interférentes :

III - HYDROGEOLOGIE

- Calcaires lacustres de Beauce
Ils affleurent en limite de l'étude, au nord-est entre SAINT-CLAUDE et MOISY, au sud dans le secteur de OUCQUES. La ligne d'affleurement est très sinueuse : elle suit étroitement le tracé des failles (cf. carte figure 2). Les affleurements ne sont que rarement observables du fait du recouvrement limoneux.
L'érosion karstique joue un rôle important dans la zone étudiée : elle se manifeste en surface par des vallées sèches et par des lignes d'effondrements circulaires (dolines) qui marquent le passage des failles. En profondeur se développent des réseaux de galeries dont certains ont été explorés par les spéléologues, notamment à LA BOSSE.
Ce modelé karstique est l'indicateur d'une zone d'absorption des eaux pluviales (impluvium) : cette zone alimente la nappe phréatique de Beauce en direction du bassin versant de l'AIGRE vers le nord, et vers le sud en direction du bassin versant de la CISSE, l'axe du dôme de MARCHENOIR constituant la limite des deux bassins.
Dans la zone étudiée, aucune source n'émerge des calcaires de Beauce, les eaux pluviales étant entièrement absorbées.

- Argiles et sables à silex de l'Eocène inférieur
La formation couvre la majeure partie de la zone étudiée. Cette séquence de sédiments continentaux ne constitue pas vraiment un écran imperméable entre les calcaires de Beauce et la craie sous-jacente. Cependant la présence de "chenaux' ou de "lentilles" d'argile plastique provoque localement l'émergence d'eaux circulant dans les niveaux riches en silex Mais, la zone d'étude étant située sur les flancs du dôme de MARCHENOIR, cette position structurale en fait une zone d'absorption des eaux pluviales (impluvium) où les émergences sont des cas exceptionnels.

- Calcaires crayeux et craie du Turonien
Cette formation n'affleure qu'au pied des coteaux en bordure du LOIR. Elle est cependant bien connue par un certain nombre de forages d'irrigation qu'il est possible de corréler entre eux (figure 1) :dans la zone d'étude, elle comprend à la partie supérieure une trentaine de mètres d'épaisseur de calcaire crayeux et de craie dure plus ou moins fissurée qui constitue le niveau aquifère principal. Vers la base, on observe une craie marneuse et argileuse tendre qui constitue un horizon imperméable entre l'aquifère de la craie et l'aquifère des sables cénomaniens sous-jacents. Ces faciès marneux s'épaississent considérablement vers l'ouest, passant de 15 mètres près de MOISY à 60 mètres, dans la vallée du LOIR près de SAINT-JEAN FROIDMENTEL.
La base du faciès crayeux aquifère reposant sur les faciès marneux donne une ligne d'émergences le long du LOIR au pied des coteaux, qui marque le niveau piézométrique de la nappe du Turonien qui s'équilibre ici autour de la cote NGF +95 m.

- Sables et grès du Cénomanien
Certains forages, à MORÉE et SAINT JEANFROIDMENTEL notamment, ont traversé cette formation.
Malgré la répétition verticale de nombreux niveaux marneux et argileux alternant avec les niveaux sableux, l'épaisseur cumulée de ces derniers fait de l'ensemble un bon aquifère. Isolé du Turonien par un épais écran marneux, la nappe phréatique qu'il contient est ici captive.

Limites de bassins versants souterrains
Le champ de failles qui se développe dans la zone d'étude délimite des panneaux où la nappe libre du Tunonien et la nappe captive du Cénomanien s'écoulent dans trois directions suivant trois bassins versants dont les limites sont dessinées sur la carte de la figure 2 :
- le bassin du LOIR
- le bassin de (AIGRE (affluent du LOIR)
- le bassin de la CISSE (affluent de la LOIRE)

- Dans les niveaux à silex de l'Eocène inférieur

- Dans les niveaux à silex de l'Eocène inférieur
Une seule émergence répertoriée : Source de la RITIÈRE :
Coordonnées x = 519,7 y =2.322,4
Altitude: NGF 132 m.
Débit: faible (source aménagée en lavoir)
Considérée (à tort) comme une des sources du ruisseau du BAIGNON
Contrôle tectonique ?

- Dans les calcaires et craies du TUronien
Une seule ligne d'émergences en pied de coteau sur la rive gauche du LOIR. Ces sources sont déjà décrites pp. 33-34 dans le n° 3 de la Chronique des Sources et Fontaines (1996).

Citons pour mémoire: la fontaine de PISSOISON à MORÉE et la Fontaine des TROIS ROIS à FRÉTEVAL, Chronique des Sources et Fontaines. N° 2-95 pp. 8-24. N° 3-96 pp. 29-35.