
N° 1 - 1994
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LE RÉSEAU AQUIFÈRE SOUTERRAIN
DE SAINTE-THÈCLE
(ALPES-MARITIMES)
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1 ENVIRONNEMENT
SAINTE-THECLE est une agglomération située à 20 km au nord-est de Nice, dans la vallée du Paillon de l'Escarène. Elle fait partie de la commune de PEILLON (canton de
l'ESCARENE).
De son sous-sol jaillit une eau abondante (700 m3/h) par trois émergences principales, actuellement captées : la source Ancienne, la source Neuve et la source de la Comtesse.
Cette eau, au delà du captage, est canalisée et pompée jusqu'au château d'eau de CHATEAUVIEUX, à environ 2 km en aval. De là un aqueduc de 7 km la conduit jusqu'à l'usine d'épuration de NICE-BON VOYAGE de la COMPAGNIE GENERALE DES EAUX.
La vallée du Paillon, à la hauteur de SAINTE-THECLE est dominée, au sud, par les crêtes calcaires du plateau Tercier et de la Caussinière culminant à 615 m, Le versant Nord de ces crêtes est boisé de résineux mais, vers les hauteurs, il se dénude peu à peu, les résineux laissant place à une maigre végétation de garrigue. Au Nord de SAINTE-THECLE la vallée du Paillon est dominée par une colline boisée à sous-sol marneux, le Brausch, culminant à 432 m.
A l'est, à environ 1 km, débouche sur la rive gauche du Paillon un grand vallon qui descend des hautes crêtes du MONT AGEL. Le vallon change trois fois de nom sur son parcours, s'appelant, en amont, le Faïssé, puis le Galembert et enfin la Launa, à son confluent avec le Paillon.
Dans sa partie moyenne il est dominé par des pitons et de hautes falaises calcaires. C'est au sommet du piton le plus en aval qu'est bâti le vieux village de PEILLON. La végétation de garrigue est dominante sur les deux versants de ce vallon et sur les crêtes environnantes.
Des cultures d'oliviers s'étagent en rive droite (versant orienté vers le Sud) jusqu'à une altitude de 500 m.
Les points culminants du bassin versant de ce grand vallon sont le mont Rastel, au Nord (802 m), le mont Agel, à l'Est (1.148 m), la pointe de Lourquière, au Sud (678 m). Son confluent avec le Paillon se situe à une altitude de 175 m. Outre le groupe capté de Sainte Thècle, quinze sources de faible débit jaillissent à des altitudes diverses sur le bassin versant du grand vallon. Elles sont, pour la plupart, intermittentes.
2 INVENTAIRE DES ÉMERGENCES DU RÉSEAU
La position de chacune des émergences, ou groupe d'émergences, est indiquée sur la carte
N° 2 (plus bas), avec un numéro :
N° 1 : Groupe de Sainte-Thècle
3 émergences : l'Ancienne, la Nouvelle, la Comtesse.
Altitude 175 m.
Captage classé A.E.P. (Alimentation en Eau Potable)
Permanence : pérenne
Débit : 12.000 litres/minute, en moyenne
Nature du terrain : éboulis cimentés par du tuf calcaire.
N° 2 : Source du Viaduc
Plusieurs émergences
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Altitude : 190 m
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Captage pour drainer les assises des piles du viaduc ferroviaire
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Permanence : pérenne
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Débit : non connu (la source alimentait autrefois l'entreprise de limonaderie ROBAUT)
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Nature du terrain : marnes fluantes (glissement).
N° 3 : Source de la Launa
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Une émergence
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Altitude: 270 m
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Griffon aménagé anciennement (pierres sèches)
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Permanence : pérenne
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Débit : 6 litres/minute, en moyenne
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Nature du terrain : contact banc de calcaire marneux et marnes.
N° 4 : Groupe de Fouont d'Argent
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3 émergences
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Altitude : entre 300 et 350 m
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Aménagement: ?
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Permanence : pérennes
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Débit : actuellement insignifiant.
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Nature du terrain : bancs décollés de calcaires marneux.
N° 5 : Groupe de la Fouont Vieilla
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2 émergences
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Altitude : 450 m
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Captage ancien (fin du XVllle siècle) pour alimenter le vieux village.
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Permanence : pérenne
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Débit : actuellement insignifiant.
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Nature du terrain : bancs décollés de calcaires marneux.
N° 6 & 7 : Groupe du versant Nord du Rastel
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4 émergences connues:`
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Altitude : 550 m environ.
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Aménagement: ? (des massifs de broussailles impénétrables interdisent actuellement l'accès)
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Permanence : intermittentes
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Débit: insignifiant.
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Nature du terrain : banc décollés de calcaires marneux.
N° 8 : Source de la Paran
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Une émergence
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Altitude : 650 m
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Aménagement: néant (elle sort du talus rocheux dominant la route).
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Permanence : intermittente
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Débit : insignifiant
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Nature du terrain : dolomie broyée dans une zone de faille.
N° 9 : Source de la Terca
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Une émergence
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Altitude : 830 m
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Aménagement : néant
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Permanence : intermittente
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Débit : insignifiant
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Nature du terrain : base d'un éboulis reposant sur des marnes.
N° 10 : Source des Cabanelles
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Une émergence
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Altitude : 1.000 m
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Aménagement: néant
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Permanence : intermittente
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Débit : insignifiant
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Nature du terrain : base d'un banc dolomitique fracturé, reposant sur des marnes
N° 11 : Source du Galembert
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Une émergence
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Altitude : 440 m
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Griffon anciennement aménagé (pierres sèches).
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Permanence : pérenne jusqu'en 1992. Actuellement un bouchon de calcite ne laisse couler que les eaux superficielles.
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Nature du terrain : base d'un éboulis stabilisé.
3 HYDROGRAPHIE SOUTERRAINE
par Pierre de Brétizel
Les recherches géologiques menées actuellement par l'Institut Géologique A. De Lapparent
(I.G.A.L.) montre que les sources citées au paragraphe précédent font partie d'un même réseau aquifère souterrain.
Le groupe de Sainte-Thècle est l'exutoire principal de ce réseau. Les autres sources en sont des émergences occasionnelles intermédiaires apparaissant à différentes altitudes.
L'aire d'alimentation en eaux pluviales de ce réseau est occupée par des terrains calcaires et dolomitiques d'âge Jurassique (150 millions d'années), d'une surface d'environ 900 hectares.
(Voir carte N° 1).
Cette surface est soumise à une érosion d'un type particulier, l'érosion karstique (du nom du plateau du Karst, en Yougoslavie) : elle est en grande partie due à la dissolution du calcaire (carbonate de chaux) par les eaux de ruissellement. II se produit des crevasses formant parfois des réseaux serrés (appelés lapiaz), des effondrements circulaires (appelés dolines), des ouvertures de gouffres (avens) communiquant avec des galeries creusées sur plusieurs étages, dans lesquelles circulent librement les eaux souterraines,
sans aucune filtration.
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Figure 1 : Répartition en altitude des différentes émergence
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Sur le secteur étudié ici (voir carte N° 2) nous avons observé :
- des lapiaz sur le mont Gros, la cime du Rastel, le Baou Roux, la cime
des Lacs, le plateau du Seuillet et de la Lare.
- des groupes de dolines sur la cime des Cabanelles et le plateau de la Lare.
- des avens (cavités répertoriées dans l'Inventaire Spéléologique des Alpes Maritimes (Y. CRÉAC'H)) :
a) aven du Rastel (profondeur : 40 m) ;
b) aven des Deux Frères (au dessus du chemin de Peillon à St Martin, profondeur: 42 m).
c) aven du Seuillet (le long de la route Peille La Turbie, profondeur: 19 m).
Aucun d'entre eux ne permet le passage vers des galeries en aval.
- des ouvertures en fissures impénétrables à l'homme:
a) dans le lit du ruisseau du Galembert (sous la pointe des Lacs) : ces fissures absorbent une partie des eaux du ruisseau quand il coule.
b) sur la crête de la Caussinière (ouverture en fissure soufflant de l'air chaud humide en hiver).
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Signalons enfin que la dépression dite "des Lacs" située entre la cime du même nom et la route de Peille-La Turbie peut parfois être recouverte d'eau à la suite de pluies abondantes : ceci est probablement dû à la saturation temporaire du réseau souterrain en aval (voir plus loin).
L'épaisseur totale des terrains calcaires et dolomitiques atteint 200 mètres. Ils sont très fracturés et, de ce fait, constituent un milieu très perméable où circulent librement les courants d'eaux souterraines venus de la surface.
Ils reposent sur des marnes à petits bancs calcaires d'âge Crétacé (90 millions d'années) qui sont imperméables et constituent une barrière pour les eaux souterraines.
C'est pourquoi les sources du réseau de Sainte-Thècle apparaissent généralement au contact, ou près des contacts, des terrains calcaires avec les terrains marneux. Lorsque ce contact est dans, ou proche d'une faille, les petits bancs calcaires et marneux sont froissés et décollés permettant ainsi le passage de l'eau. C'est le cas de la source de la Launa et des sources du Rastel.
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Carte n° 2
Cliquer sur la carte pour l'agrandir
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Figure 3 : Exemples d'émergences
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Les terrains calcaires forment une masse inclinée vers le
Nord-Ouest, avec un angle moyen de 45° . Cette masse est disloquée par un réseau de grandes failles dont les principales sont: la faille des Lacs, qui part du sommet du Rastel en direction de
Laghet, et la faille de Peillon, qui part également du sommet du Rastel en direction de Sainte-Thècie (se reporter à la
carte n° 1)
Les eaux souterraines ont tendance à s'écouler entre les strates des calcaires, en suivant la ligne de plus grande pente, donc vers le
Nord-Ouest, à partir de la cime des Cabanelles.
Cette tendance est perturbée par les failles qui captent les courants d'eau en changeant leur direction et en les déviant en profondeur (rôle de drainage).
Carte n° 1
Cliquer sur la carte pour l'agrandir
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Le schéma de la figure n° 4 tente d'expliquer le phénomène.
• Sur ce schéma la faille drainante principale est la faille de Peillon. Située la plus en aval dans le sens de l'écoulement des eaux du réseau, elle capte la quasi totalité de celles-ci et les envoie en direction de l'exutoire de Sainte-Thècle (se reporter à la carte N° 2).
• La faille des Lacs communique avec elle par l'intermédiaire de failles secondaires transversales formant un faisceau serré entre la cîme des Lacs et celle du Rastel. Elles sont bien visibles dans les parois du ravin de
Galembert. La faille des Lacs collecte les eaux souterraines et les eaux de surface qui descendent de la cîme des
Cabanelles.
• Notons que les eaux de surface du vallon du Galembert s'engouffrent partiellement, en temps de pluie, dans le réseau des failles secondaires qui recoupent le lit du torrent. |
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• Les eaux souterraines du plateau Tercier et du plateau de Lare s'écoulent vers le NordOuest dans le sens de la plus grande pente des strates. En aval, elles sont drainées en direction de l'exutoire de Ste Thècle (vers le Nord-Est) par une faille passant au col à l'Ouest du plateau
Tercier.
Les déformations et dislocations de la masse calcaire et de son soubassement marneux ont commencé à la fin de l'ère tertiaire, il y a 5 millions d'années .
Elles se sont terminées pendant l'ère quaternaire, il y a 500.000 ans, modelant le relief actuel. De même que le réseau hydrographique de surface, le réseau aquifère souterrain de Sainte-Thècle a été mis en place et fonctionne depuis 500.000 ans.
Nous terminerons ce chapitre en relatant un fait significatif :
II y a quelques années, dans le quartier des Lacs, un entonnoir s'est brusquement ouvert à la suite de pluies abondantes. Au fond on voyait l'eau couler. Avant que le propriétaire ne rebouche le trou, le Spéléo-Club de Monaco a pu effectuer une coloration de l'eau à la fluorescéine. Il s'agit d'une substance chimique, non toxique à l'état dilué, se présentant en poudre ou en cristaux rouge-orangé. Mélangée à l'eau, elle la colore en vert vif à très faibles doses. Le lendemain de la coloration effectuée au quartier des Lacs les sources de Sainte-Thècle coulaient d'un beau vert, prouvant ainsi l'origine d'une partie de leurs eaux.
Documentation consultée
* Carte Géologique au 1/50.000° : Feuille MENTON-NICE XXXVII 42-43
* Inventaire spéléologique des Alpes Maritimes. CRÉAC'H Y. 1967
* La genèse Néogène. L'évolution quaternaire- de l'Arc de Nice. GEZE B., C.R. Soc. Géol. de France. 1960
* Evaluation du déplacement de la couverture post-triasique de l'Arc de Nice. GEZE B. C.R. Académie des Sciences. 1960.
* Etude du décrochement sénestre plio-quaternaire de Laghet-Peille et signification des failles normales dans un contexte compressif. REBAI S. Univ. Des Sciences et Techniques du Languedoc. D.E.A. 1988
* Etude structurale des réseaux aquifères karstiques dans le Jurassique de l'Arc de Nice. Secteur Mont Agel. DE BRETIZEL P. 1994. Travaux de l'Institut Géologique A. De Lapparent. (non publié).
4 DES SOURCES, DES FONTAINES ET DES HOMMES
L'histoire des sources se confond avec celle des hommes et, plus particulièrement, avec celle du peuple des vallées et de l'évolution des activités humaines.
La plus ancienne manifestation humaine dans ces vallées est celle de "l'homme du Rastel" dont le squelette fut découvert il y a quelques années, dans un abri rocheux, au pied de la paroi Sud-Est de la cime du même nom. Quelques outils de pierre et des tessons de poterie trouvés avec les ossements ont permis de dater ces restes du mésolithique, c'est à dire 7.000 à 10.000 ans avant notre ère. C'est l'époque à laquelle se termine la dernière période glaciaire. Les être humains y sont peu nombreux et dispersés. Leur seule activité est la cueillette et la chasse. La position des points d'eau et des sources n'a aucune incidence sur leur mode de vie.
Essayons d'imaginer le paysage à cette époque : le climat est encore très froid et humide. La forêt boréale domine : mélèzes, pins sylvestres, aulnes, trembles. Dans les vallées prolifèrent d'épaisses tourbières. Les torrents dévalent de partout, été comme hiver. L'eau abonde, en surface comme en profondeur.
La période suivante est celle de l'âge des métaux: bronze puis fer. Les activités humaines sont celles d'une civilisation pastorale : l'élevage des ovins, caprins et bovins domine. Le paysage évolue : la forêt boréale régresse laissant place à la forêt tempérée où dominent les feuillus : chêne, hêtre, charme, châtaignier. La forêt méditerranéenne (pins d'Alep, pins Laricio, chênes à feuilles persistantes) commence à occuper le bas des reliefs, sur les versants Sud.
Les eaux de surface (rivières, torrents) voient leur débit diminuer et une grande partie d'entre elles passent à un régime temporaire. Les eaux souterraines restent abondantes les sources jaillissent partout, développant à leurs points d'émergence de riches prairies où paît le bétail.
Cette période perdure jusqu'à la pénétration généralisée de la civilisation romaine dans les Gaules (un ou deux siècles avant J.C.) . Avec elle l'agriculture se développe en grand : le berger devient paysan sédentaire, mais les activités pastorales subsistent, passant à un régime de transhumance du fait de l'évolution du climat vers le sec et le chaud.
Une partie de la forêt est défrichée au profit des cultures, notamment en aval des sources dont les eaux sont utilisées pour l'irrigation. Vers la fin de cette période que nous situons vers le début du XX e siècle de notre ère, le bilan est le suivant :
• La forêt boréale a totalement disparu.
• La forêt tempérée n'est plus représentée que par des taches résiduelles sur les versants Nord, au-dessus de la cote des 900 m d'altitude.
• La forêt méditerranéenne, trop défrichée, est dégradée et remplacée par une végétation sèche de garrigue.
• L'humus et les sols fertiles, n'étant plus retenus par la forêt, sont arrachés par l'érosion dénudant la roche calcaire ( "la terre a perdu sa chair vivante et laisse apparaître ses os ! ").
• Seuls subsistent les sols maintenus par les terrasses patiemment construites par l'homme au cours des siècles, ainsi que les zones humides engendrées par la présence des sources.
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la forêt méditerranéenne a tendance à regagner du terrain, en particulier sur les versants exposés au Nord, stabilisant les éboulis et fixant le sol. Les eaux pluviales sont mieux absorbées et ruissellent moins en surface, ce qui laisse espérer, à long terme, une amélioration du débit des sources malgré les cinq années de sécheresse que nous venons de subir. Ce qui parait être le début d'un renversement de tendance est dû à la diminution des prélèvements de bois, probablement à cause d'une meilleure gestion des terres non cultivées (friches, forêts).
Si la forêt fixe les sols et empêche ainsi l'érosion due aux eaux de ruissellement qui sont mieux absorbées par le sous-sol, en retour la présence des eaux souterraines favorise le développement de la forêt à partir des zones d'émergence (sources et zones humides).
II s'agit donc d'une véritable "symbiose" entre sources et forêt : la destruction ou l'appauvrissement de l'un entraîne inéluctablement la destruction ou l'appauvrissement de l'autre. La culture en terrasses est également en "symbiose" avec les eaux souterraines et les sources : arrêt de l'érosion des sols, absorption des eaux pluviales vers le sous-sol calcaire. En retour : irrigation des cultures par les eaux des sources.
Dans un livre intitulé "PEILLON sur l'éboulis de la montagne" paru en 1955 aux éditions "Sous le Signe de l'Olivier ", on trouve un chapitre écrit par Mr. Henry Musso, à l'époque Président du Syndicat d'Initiative et conseiller municipal. Le titre, révélateur, de ce chapitre est : " choses d'aujourd'hui qui deviendront choses d'hier ". Une partie est consacrée à l'histoire de l'Eau dans la commune depuis le XVlle siècle. Laissons parler Mr. MUSSO :
L'EAU AU VIEUX VILLAGE
Peillon, avant la Révolution, était alimenté en eau par deux petites sources jaillissant au quartier de la Vigne, au-dessus du village et par une troisième située au-dessous, "La Fouont d'Argent". La population allait chercher l'eau aux sources.
En 1789 cependant, la communauté décide de faire bâtir une fontaine sur la place du Portal ; le géomètre royal Ghiotti est chargé d'en dresser le plan qu'approuve l'intendant général, mais la révolution éclate. Ce n'est qu'en 1799, l'an huitième de la République, le onze frimaire, que les travaux sont adjugés pour le captage des eaux de "la fouont vieilla" qui sont reliés à celle des autres sources et amenées, à l'aide de canalisations, jusqu'à la place du village.
Les travaux de construction de la fontaine sont adjugés le même jour pour la somme de mille quatre-cent quarante-sept francs cinquante centimes au sieur Paul
Chabaud.
L'inauguration de la fontaine a lieu le 6 juillet 1800.
En 1898, est envisagée la construction d'un réservoir. Le maire, Joseph Grinda, en fait choisir l'emplacement à son Conseil
municipal.
Les canalisations sont refaites en 1901 et un réservoir de 96 mètres cubes est construit par la municipalité Auguste Arnulf.
En 1909, au mois de février, le Conseil expose dans une délibération, que, par suite de la diminution du débit des sources en plein hiver, le village va se trouver bientôt sans une goutte d'eau. II est décidé de creuser, non loin du quartier "Fuont Vieilha", une tranchée ou une galerie pour trouver de l'eau. Sur un rapport de l'ingénieur subdivisionnaire, faisant ressortir que ces travaux de recherche en creusant une galerie seraient "peu scientifiques", l'entreprise est abandonnée.
En 1923, sous la municipalité Auguste Arnulf toujours, les canalisations sont refaites et le débit est augmenté grâce à l'appoint de la source Passeron, au-dessus de la Vigne.
Une petite source, au lieu dit "le Couosta" est vendue par la commune en 1927.
Sous la municipalité de Joseph Robaut, le réseau de distribution de l'eau potable du village est mis en adjudication et exécuté en même temps que la construction d'un second réservoir d'une contenance de 100 mètres cubes, tandis que les canalisations d'amenée depuis les sources sont, une fois de plus, changées et que les captages sont améliorés.
En 1946, la municipalité Antoine Passeron fait changer 300 mètres de canalisations en mauvais état. Mais hélas, le village reste toujours sans eau l'été. Les bornes-fontaines sont fermées et l'eau sur la place n'est plus distribuée que pendant quelques heures sous la surveillance d'un responsable.
Alors, en 1951, le Conseil municipal frappe un grand coup: il décide d'aller prendre l'eau où il y en a et il propose de refouler l'eau de SainteThècle jusqu'au village, pendant les mois d'été.
Les travaux, d'un montant de quinze millions, sont aussitôt entrepris et le 1er avril 1954 le premier coup de pioche est donné.
Le 8 août de la même année, à l'occasion de la fête patronale du village, la Transfiguration, l'arrivée de l'eau bienfaisante et abondante, depuis le fond de la vallée, est signalée par une manifestation exceptionnelle :
Une fontaine lumineuse jaillit en bordure de la place Auguste Arnulf dès la veille au soir. Un feu d'artifice est tiré de cette fontaine grâce à la diligence du Comité des Fêtes que préside M. Robert Maria. Vue de la vallée, la chose est féerique.
Le dimanche, dans l'enceinte du bal, en présence des autorités départementales, cantonales et municipales, une foule nombreuse assiste à cette inauguration, événement sensationnel pour le vieux village, comblant le vœu séculaire des Peillonnais .....
L'EAU DANS LA VALLÉE DU PAILLON
En 1864, le Conseil municipal de Nice approuve un projet de travaux en vue du captage des eaux de source de Sainte-Thècle et du Prat pour les conduire et les distribuer à Nice. Deux ans après l'aqueduc projeté est déclaré d'utilité publique par décret de Napoléon III du 9 février 1867. Sur la demande de la ville de Nice, en date des 4 mars 1864 et 10 août 1867, les travaux sont confiés à la Compagnie Générale des Eaux. L'aqueduc traversera les territoires de Peillon, de Drap, de la Trinité-Victor et de Nice.
En 1928, à l'occasion des travaux de construction de la ligne de chemin de fer de Nice à Coni, une canalisation est installée sur le CD 21 et 4 bornes-fontaines sont mises en service à Sainte-Thècle.
En 1934, une association se crée à Borghéas pour la construction d'un réseau de distribution d'eau. Ce sont les eaux de la source du Tué, en contrebas de la voie S.N.C.F. qui sont canalisées. La commune aide l'association dans cette réalisation en construisant la passerelle sur le Paillon, à laquelle sont fixées les conduites.
Une fontaine-lavoir portant le nom du Docteur Paul Roux, Conseiller général du Canton, est inaugurée à l'issue des travaux.
Le hameau des Moulins est alimenté en eau potable en 1936 grâce aux travaux de captage et d'amenée d'eaux de la source du Brec.
Actuellement ce quartier est également alimenté par le réseau de Sainte-Thècle qui amène l'eau au "Passage à Niveau " d'où elle est refoulée en été vers le vieux village.
Jusqu'en 1948, le hameau des Novaines n'avait jamais été alimenté en eau potable. La population prenait dans le Paillon l'eau pour tous les usages.
Dès 1947, la municipalité Antoine Passeron s'est inquiétée de mettre un terme à cette situation.. La source des Crouzès, sur la rive gauche du Paillon, est acquise; un projet est mis en exécution qui comporte : un réservoir et des canalisations ainsi que six bornes-fontaines. Aujourd'hui ce réseau fonctionne parfaitement et des branchements particuliers donnent l'eau potable dans les habitations.
Après plusieurs années d'efforts, la municipalité Passeron a la satisfaction, en 1952, de faire commencer les travaux de construction d'un vaste réseau d'alimentation en eau potable destiné à desservir Borghéas supérieur, Châteauvieux, SainteThècle, les Mazuès, les Preisses, les Moulins, etc... le vieux village de Peillon.
Un grand réservoir est construit sur le piton de la Para, alimenté au moyen d'une station de pompage qui surélève 200 mètres cube d'eau par jour, prélevée sur le canal de SainteThècle à Nice. C'est le 27 décembre 1952, que par délibération de son Conseil municipal, la ville de Nice a autorisé ce prélèvement.
Le 5 juillet 1953, au cours d'une grande fête qui a lieu dans le vieux hameau de Châteauvieux, l'inauguration des nouvelles installations attire plus de six cents personnes au pied de l'oratoire. Une magnifique fontaine lumineuse, installée sur la Para, jaillit si haut le même soir que tous les Peillonnais émerveillés la distinguent de tous les points de la commune.
Autant que cette fontaine, le vin coule d'abondance sur la placette ; des discours sont prononcés. M. Gaspard Millo, conseiller municipal, dit "maire de Castelvieil" , est tellement ému qu'il est obligé d'interrompre le sien. Chacun a compris cependant et il est longuement applaudi.
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La lecture de ce récit montre que l'eau souterraine a toujours fait l'objet, dans la vallée de Peillon, de soins constants de la part de ses habitants. De grandes fêtes ont marqué la réussite des travaux d'aménagement principaux indiquant ainsi l'intérêt, voire l'enthousiasme des Peillonais à ce
sujet
"Choses d'aujourd'hui qui deviendront choses d'hier " nous disait Henry MUSSO... Gageons que tous ceux qui vivent dans cette vallée resteront toujours très concernés par les problèmes que posent aujourd'hui et poseront demain les sources.
Signalons, à propos du captage des sources de Sainte-Thècle en 1867 pour le compte de la ville de Nice, que c'est probablement sur les eaux de Sainte Thècle qu'a été appliqué pour la première fois le procédé de traitement par l'ozone. Ce fait historique a eu lieu en 1904, à l'usine de NICE-BON VOYAGE de la COMPAGNIE GENERALE DES EAUX. L'inventeur en était l'ingénieur niçois Marius Paul OTTO. Son procédé a, depuis, été largement appliqué, tant en France qu'à l'étranger (Information recueillie dans le magazine SOURGENTIN N° 107. Mai-Juin 93).
5 LES ZONES DE VÉGÉTATION HUMIDE ENGENDRÉES PAR LES SOURCES ET LES EAUX
SOUTERRAINES.
Par Diane Fossati
OBSERVATIONS LOCALES PRÈS DU VIEUX VILLAGE DE PEILLON
Autour du vieux village de Peillon, nous observons un paysage végétal diversifié allant de la forêt type Méditerranéen au maquis et garrigue en passant par des zones de végétation humide dans le creux des vallons ou aux abords des
sources :
· La forêt Méditerranéenne est composée essentiellement ici de Pins d'Alep, Pins maritimes, Chênes verts et Chênes pubescents. Associés à celle-ci viennent les maquis et les garrigues dont la délimitation reste floue suivant que les plantes observées poussent sur des terrains acides ou calcaires.
· La végétation type maquis est plus ou moins buissonnante avec des Cades, Térébinthes, Genêt épineux, Calycotome, Nerprun Alaterne. Celle de la garrigue est plus ou moins ouverte, plus clairsemée, poussant généralement en terrain calcaire, avec les Romarins, le Thym, la Lavande, le Ciste cotonneux.
· Dans les zones humides, cherchant l'eau profonde, vont se développer des feuillus comme le Charme-Houblon, le Chêne pubescent, le Laurier noble. Là où l'eau est courante, on verra des Trembles, de l'Osier, de la Canne de Provence dans le lit des rivières, ou encore la Capillaire de Montpellier à la naissance d'une source.
Dans l'environnement de Peillon, nous avons pu observer ces différents types de végétation sur un parcours allant du vieux village vers le fond du vallon du Galembert et à la source de la Launa. Pour les zones plus spécifiquement humides, nous avons étudié la végétation autour du captage de la source du vieux village, de la source du Galembert, de la source de la Launa, du ravin de la Launa et des abords du lit du Paillon.
De notre étude, nous retenons comme végétation caractéristique de la présence d'eau, les espèces suivantes :
· LE CHARME-HOUBLON ; Ostrya carpinifolia, pousse en boqueteau parfois mêlé au Chêne pubescent
(Quercus humilis) . On l'observe dans le creux du vallon du Galembert, et sur le sentier descendant à la source de la
Launa.
· LE LAURIER SAUCE OU LAURIER NOBLE ; Laurus nobilis, affectionne les ravins de montagnes, les bois humides, et peut atteindre une belle prestance comme ceux se développant près de la source de la
Launa.
· L'OSIER ; Salix purpurea, croît exclusivement dans le lit des rivières ou les lits de torrents, même si ceux-ci sont intermittents, comme dans le lit du Paillon ou le ravin de la
Launa.
· LE ROBINIER FAUX-ACACIA ; Robinia pseudoacacia, aime les places humides comme les bordures de cours d'eau (bords du Paillon).
· LE TREMBLE ; Populus tremulus, se rencontre, lui aussi, dans le lit et les bordures du Paillon.
· LE NERPRUN ; Rhamnus cathartica, pousse souvent en petit bosquet dans les taillis bordant les cours d'eau : observation faite en descendant vers le fond du vallon près du ravin de la
Launa.
· LE FIGUIER ; Ficus carica, se développe bien en présence de la moindre humidité, ses racines allant chercher l'eau. (Source du Galembert et source de la
Launa).
· L'AILANTHE OU FAUX VERNIS DU JAPON ; Ailantus glandulosa, espèce implantée primitivement pour l'ornementation, présente un développement envahissant lorsqu'il a essaimé à proximité de points d'eau. On le trouve en bordure du Paillon ou près de la station de pompage amenant l'eau au vieux village de
Peillon.
· LA CANNE DE PROVENCE OU ROSEAU QUENOUILLE ; Arundo donax, servant en particulier à la fabrication des canisses, se retrouve en abondance dans le lit du Paillon et le ravin de la
Launa.
· LA FOUGERE ;
- le Polypode austral (Polypodium australum) est présent dans les lieux ombragés relativement humides et se dessèche complètement en été, pour repartir à la première pluie.
- la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) qui a été remarquée proche du captage de la source du vieux village de Peillon, préfère les sous-bois humides.
- la Capillaire aux Anes (Asplenium onopteris) pousse essentiellement dans les creux humides des rochers.
- la Capillaire de Montpellier ou cheveu de Vénus (Adiantum
capillus-veneris) croit principalement là où l'eau est présente en permanence comme à la source de la
Launa.
· LA PRELE ; Equisetum arvense, réclame beaucoup d"humidité car elle prédomine surtout dans les prés humides ou dans les endroits abondamment arrosés (source de la
Launa).
· LES MENTHES ; une grande variété de menthes a besoin de zones humides pour s'épanouir.
· L'EUPATOIRE A FEUILLES DE CHANVRE; Eupatorium cannabinum, se rencontre là ou l'eau est courante ou proche. (Ravin de la Launa).
· L'ANGELIQUE SAUVAGE ; Angelica sylvestris, s'observe dans les bois ou prairies humides. Dans notre étude locale, on l'a rencontrée à proximité du lavoir du village de Peillon et également dans tous les endroits fréquemment arrosés, notamment les terrasses jardinées où elle devient rapidement envahissante.
· LE LIERRE; Hedera helix, pompe la moindre trace d'humidité au détriment des arbres et des plantes qu'il finit par étouffer; il peut prendre vaste ampleur s'il est près d'un point d'eau. (Sentier allant de Peillon au pont du Galembert, source du Galembert, source de la
Launa).
· LES MOUSSES; elles sont caractéristiques de la présence d'humidité quelle qu'elle soit: creux de rochers, source, bordure de ruisseau. On peut même observer leur développement sur les pierres ou les pavés lors des pluies abondantes et prolongées.
Nous n'avons cité ici qu'une partie des plantes qui nous paraissait la plus typique des zones humides par leur présence constante. II est bien évident que tout lieu irrigué ou arrosé régulièrement, favorise également la croissance d'une grande variété de plantes herbacées et fleurs sauvages (gesse, pâquerettes, violettes, millepertuis, etc ...) qui sont l'apanage des prairies.
D'autre part, on peut considérer que partout où il y a trace de culture, il y a obligation d'eau. Ainsi, la présence de merisiers, d'arbres fruitiers ou de vigne, dénote un minimum d'humidité ou d'irrigation. En outre, les oliviers, bien que réputés arbres de terrains ingrats, ont cependant besoin d'être irrigués régulièrement. Enfin, la présence de jardins et de cultures potagères nécessite obligatoirement de
l'eau.
Documentation Consultée
• "Arbres et Arbustes". V.VETVICKA ET V.MATOUSOVA. éd. GRÜND.
• "Guide de la flore Méditerranéenne". I. & P. SHÔNFELDER. Ed.HATIER
• "Guide du Naturaliste dans le Midi de la France" Tome II. La Garrigue, le Maquis, les Cultures. H.HARANT et D.JARRY. éd. DELACHAUX et
NIESTLE.
• "Guide du promeneur dans la nature". J.FELIX, J.TOMAN et K.HISEK. éd.
HATIER.
• "Petit guide panoramique de la flore Méditerranéenne". J. DEJAN ARRECGROS. Ed. DELACHAUX et
NIESTLE.
• "Les quatre flores de France". P.FOURNIER. éd. LECHEVALIER.
• "Secrets et vertus des plantes médicinales". Sélection du READER'S DIGEST.
• "Les sources régionales du Pays de Nice". P.RAYBAUT.éd. FAYARD.
6 IMPACT DU DÉVELOPPEMENT URBAIN ET INDUSTRIEL SUR LE RÉSEAU
DE SAINTE-THECLE.
A) Installations industrielles actuelles.
Elles sont situées dans la vallée du Paillon, en amont de Sainte-Thècle :
la cimenterie de la Grave représente une activité industrielle de grande ampleur. Cependant, elle ne peut avoir d'impact que sur la nappe alluviale du Paillon, laquelle n'a aucune part dans l'alimentation des sources de Sainte-Thècle.
II en est de même pour les entreprises travaillant dans le quartier du MOULIN.
Il n'existe actuellement aucune activité industrielle sur les versants des reliefs alimentant les eaux souterraines du réseau de
Sainte-Thècle.
B) Le tissu urbain
Au cours des cinquante dernières années la population, en France, a augmenté de 36 %.
Cela s'est traduit, dans la région, par une progression spectaculaire de la construction à usage d'habitation.
Tout en affectant largement la bande littorale, cette progression s'est faite principalement en remontant le fond des vallées de l'arrière-pays. Elle a également affecté les plateaux desservis par des routes carrossables.
Sur le territoire concerné par le réseau de Sainte-Thècle on distinguera :
· L'habitat rural traditionnel représenté par les villages de Sainte-Thècle et du vieux Peillon, les hameaux du Moulin et de Saint Martin de Peille.
· Le développement urbain récent qui s'est fait à partir des terres peu à peu abandonnées par les activités agricoles : il s'agit de des villas ou habitations individuelles sur des terrains transformés en jardins clôturés. A noter que les propriétaires ont continué à entretenir, ou ont réhabilité, les vieilles oliveraies préexistantes. Les secteurs soumis à ce développement sont :
• Dans la partie aval du réseau :
les abords de la route de Ste Thècle au plateau de Lare (quartier des
Preisses).
Le quartier du Pueï, au-dessus du viaduc SNCF au Sud.
Les abords de la route montant au vieux village de Peillon à partir du Moulin.
• Dans la partie amont du réseau :
le quartier des Lacs, au Nord de St Martin.
Le vallon du Faïssé, au pied du Mt. Agel.
Le col de St Pancrace sur la route de la Turbie à Peille.
C) Conséquences
Qualité de l'eau
L'impact sur les eaux souterraines des nouveaux secteurs d'habitation peut être variable : ceux de la partie aval du réseau sont tous situés sur les marnes imperméables et n'ont donc que peu d'incidence sur la qualité des eaux souterraines. Ceux de la partie amont du réseau sont directement situés sur les calcaires perméables : ils ont donc une incidence directe sur la qualité des eaux souterraines : les secteurs des Lacs, du Faïssé et de St Pancrace sont directement impliqués dans la pollution des eaux du réseau de Sainte-Thècle du fait de l'absence d'égoût collecteur des eaux usées.
Assèchement
a) Des forages ont été exécutés par des particuliers pour pomper les eaux souterraines accumulées à la base de la masse calcaire : les pompages dans ces secteurs sont probablement l'une des causes du tarissement de certaines sources intermédiaires du réseau ainsi que de la diminution anormale du débit du captage de Sainte-Thècle.
b) L'abandon et l'absence d'entretien des griffons de sources entraîne leur colmatage par des sédiments argileux et par un rapide concrétionnement dû à la forte teneur en carbonate de chaux dissous des eaux souterraines. Lorsque le conduit initial est bouché, l'eau a tendance à se disperser en taches humides inutilisables, ou alors elle cherche son chemin ailleurs, quelquefois latéralement, le plus souvent en contre-bas : on dit alors que "la source est descendue" . Malheureusement, dans la majorité des cas, la source est perdue : aucun filet d'eau ni aucune humidité n'indique plus sa présence.
c) La déforestation d'origine humaine est en nette régression. Elle n'est plus à l'heure actuelle une cause d'assèchement et de disparition des sources.
7 RECOMMANDATIONS POUR LA CONSERVATION DES SOURCES ET DES EAUX SOUTERRAINES
DU RESEAU DE SAINTE-THECLE.
A l'heure actuelle l'alimentation des communes en eau potable est assurée par un système interconnecté de captages d'eaux de surface (canal de la Vésubie) et de forages dans les nappes phréatiques du Paillon et du Var. Ces eaux sont épurées biologiquement et physiquement avant d'être livrées à la consommation. Les pollutions chimiques accidentelles sont étroitement surveillées.
Alors pourquoi vouloir protéger les sources naturelles et les eaux souterraines dont elles sont issues ? Parce que, ce faisant, on préserve plusieurs choses :
A) Le patrimoine
La vie rurale dans la vallée a toujours été étroitement dépendante des sources. L'histoire des communes et des villages multiséculaires ne peut être dissociée de la vie et de la mort des sources. Laisser mourir une source c'est perdre un pan important de la mémoire collective.
B) L'environnement
Nous venons de voir que les zones humides et leur peuplement végétal spécifique sont déterminées par les émergences des eaux souterraines, soit ponctuellement sous forme de source, soit sous forme d'îlots d'humidité apparaissant dans l'espace plutôt sec des garrigues et de la forêt méditerranéenne.
Laisser régresser et disparaître les zones humides générées par les eaux souterraines c'est :
· Activer le ravinement et l'érosion des flancs abrupts des reliefs.
· Provoquer la régression des espèces végétales feuillues au profit de la garrigue et des broussailles sèches entraînant ainsi une importante augmentation des risques d'incendie.
· Entraîner la disparition de la faune sauvage sédentaire pour laquelle l'eau est un élément de survie essentiel, que ce soient les passereaux, perdrix, faisans, lièvres, etc... ou les grands animaux comme les sangliers.
C) La qualité de la vie
Les espaces d'habitation, qu'ils soient résidences principales ou résidences secondaires ont inexorablement occupé les terres autrefois cultivées : le citadin a peu à peu remplacé le paysan.
Ce dernier était autrefois le gardien des sources qui lui fournissaient l'eau de ses cultures. A présent, celles-ci sont remplacées par des potagers, des vergers et des jardins d'agrément pour lesquels l'eau est toujours indispensable.
L'utilisation de l'eau potable distribuée par le réseau intercommunal est trop onéreuse pour l'arrosage : par contre l'utilisation des eaux naturelles là où elles existent est gratuite pour tous ceux qui préfèrent les légumes et les fruits de leur propre jardin à ceux achetés dans les grandes surfaces et ceux pour qui le jardinage est une activité de délassement.
D) Moyens préconisés pour la conservation des sources et des eaux souterraines du réseau de
Sainte-Thècle.
a) contre la pollution d'origine humaine :
· Installation d'un système d'égoûts collecteurs des eaux usées et des déversements de fosses septiques dans les secteurs en cours d'urbanisation sur terrains calcaires :
Le vallon du Faïssé
Le col de St Pancrace
Le quartier des Lacs
· Prévision d'installation d'un système d'égouts collecteurs des eaux usées et des déversements de fosses septiques dans le projet d'urbanisation du plateau Tercier et du plateau de Lare.
b) contre l'assèchement et le tarissement des sources
· Interdiction des forages destinés à l'exploitation des eaux souterraines par des particuliers
dans le vallon du Faïssé
au col de St Pancrace
au quartier des Lacs
sur le plateau de Lare
sur le plateau Tercier
· Curage des sources du réseau :
décolmatage des griffons, remplacement des tuyaux de captage, élimination des racines et débris végétaux encombrant le passage des eaux. Débroussaillage des abords.
Dans l'ordre des priorités, nous suggérons de réhabiliter d'abord les sources qui ont le plus joué un rôle dans l'histoire de la vallée :
Le groupe de la Fount Vieilla
Le groupe de la Fount d'Argent
Aménagement d'une fontaine à Sainte-Thëcle
en prélevant une fraction des eaux du captage A.E.P. de la COMPAGNIE GENERALE DES EAUX, pour agrémenter le terrain municipal situé entre la poste et la voie rapide. Le prélèvement pourrait, en outre, alimenter une piscine.
Tout ceci ne sont que des suggestions données à titre d'exemple de ce qui pourrait être réalisé pour valoriser les eaux de Sainte-Thècle et le cadre de vie de ses habitants.
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